Méa culpa sur un tapis de yoga

Elodie

Il y a quelques mois, j’ai complètement arrêté de prendre des cours de yoga en studio. Pourtant le yoga, c’était mon pilier depuis des années, et encore plus depuis ma formation de prof de yoga en 2019 – qui avait donné un élan incroyable à ma vie londonienne. Bien sûr, je pratiquais le yoga en ligne, chez moi, et faisais le plein de cours quand je partais pour un weekend à Barcelone, où je retrouve l’énergie et l’atmosphère de ce que j’ai connu à Londres. Pourtant, dans la ville où je vis désormais, il y a plein de super studios. Les propriétaires et les profs enseignent vraiment avec passion. Moi même j’ai travaillé dans 2 studios de yoga à Toulouse. Mais tout simplement, je crois que j’avais envie de partager le yoga différemment.

Et puis depuis 3 ans, j’ai un dérèglement hormonal qui s’est installé lentement mais surement. Le genre de truc qui s’immisce en sourdine et qui met bien le bazar dans tout le corps. Le yoga n’était donc pas si magique?

Un mix de tout ça, ajouté au fait que tout simplement, Toulouse est une ville formidable pour son authenticité et sa chaleur humaine, mais pas (encore) pour sa scène wellness.

J’ai eu besoin de faire un break.

Ces derniers mois, je me suis mise au body balance et au strech à ma salle de sport. Et au début, j’avais l’impression que ça compensait. Ça a entretenu ma souplesse, et j’y ai retrouvé des postures de yoga. Mais peu de respiration et méditation. Peu d’ancrage et de vrai retour à soit.

Sauf que l’alliance si parfaite du mouvement et de la respiration, celle qui emporte dans un état de flow et rend le yoga si unique, c’était précisément ce qui me manquait pour avoir une vraie dose de “slow” dans la semaine. Cette dose suffisamment efficace pour garder mon système nerveux en état d’équilibre, et pour mener de front tout le reste.

5 minutes de méditation ou de respiration par ci par là, comme on nous l’enseigne en naturopathie ou comme on le voit sur internet ou les réseaux sociaux, c’est mieux que rien, certes, mais ça ne suffit pas à vraiment activer le système nerveux parasympathique, celui qui est responsable de notre bonne récupération et essentiel à la réparation globale du quotidien. Celui dont on a au moins autant besoin que de son pendant, le système nerveux sympathique, celui qui nous permet d’être réactif et d’agir quand c’est nécessaire, mais qui est déjà ultra sollicité de nos jours, même pendant une journée à priori routinière: Transports, bruits, réseaux sociaux, IA etc…

Faisant le constat depuis quelques semaines qu’il fallait vraiment que je reprenne de façon régulière et encadrée, je me suis enfin décidée à tester un nouveau studio un dimanche matin. Studio magnifique, prof au top. C’est avec bonheur que j’ai retrouvé toutes les sensations de pratiquer en studio. Ce moment de pause. Cet état de présence qu’on trouve finalement dans peu d’endroit.

En sortant, j’étais bien. Et je me suis sentie submergée par la fatigue. Le corps relâche. Ce qui n’arrive jamais après un cours de sport, qui a le mérite certes de nous réveiller, mais peut être aussi d’aller à contre sens de ce que le corps réclame vraiment: Production de dopamine, adrénaline, noradrénaline et un peu de cortisol pour un joyeux cocktail effet booster, mais qui n’a que pour conséquence de puiser sur les surrénales, ces glandes situées en haut des reins et qui sont déjà bien occupées à gérer notre stress. En gros, on puise souvent dans des réserves que l’on n’a pas.

Ça m’a rappelé que rien n’ouvre autant l’espace que le yoga et les pratiques de pleine conscience faites avec discipline. Et qu’encore une fois, écouter son corps à sa juste mesure, c’est lui laisser la place pour donner le meilleur.

J’ai eu envie de faire mon méa culpa au yoga pour avoir commencé à douter de son pouvoir et de ses bienfaits.

Alors je crois que j’écris tout ça pour 2 raisons:

Pour rendre hommage à cette pratique qui m’a tant apporté et qui m’a beaucoup manqué.

Et pour poser une vérité qu’on oublie facilement entre tous les bombardements de conseils bien-être en tout genre: Ce n’est pas l’intensité qui soigne c’est la justesse.

Dans un monde où tout va très vite et où les injonctions sont nombreuses, il est essentiel d’aller à son rythme et faire ce qui est bon pour soi. Ce qui nous permet de vraiment ralentir de l’intérieur pour mieux repartir.

Alors me voici de retour sur le tapis. A retrouver le plaisir d’aller au yoga, le calme qui s’installe en entrant dans un studio. Les tracas qui restent à la porte. Avoir cet espace pour soit, sur le tapis, le temps de la pratique. Bouger, respirer dans le calme ou au son d’une playlist réparatrice. Entrer dans un état de flow. Partir, revenir. Et reprendre le cours des choses avec un regard et un mental plus apaisés.

Quand j’ai fait ma première formation de professeur de yoga en 2019, j’ai toujours senti qu’avoir le yoga avec moi était un allié inébranlable pour le reste de ma vie. Et je constate avec bonheur que c’est bel et bien toujours le cas.

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