Ma formation de 200h d’Ashtanga à Bali: Journal de bord d’une expérience plus transformative que prévu.

Le 1er février 2023, j’ai démarré un 200h d’Ashtanga à Bali. 3 semaines de formation intensive d’Ashtanga, et 1 mois au total à l’autre bout de la terre, dans un coin de la planète que je rêvais de visiter. Un gros besoin de tout couper, prendre du recul sur la vie, le yoga, et le yoga dans ma vie. J’aurais pu faire un 300h puisque j’ai déjà fait une formation de professeur de yoga et que je suis déjà prof de yoga à Toulouse mais j’ai eu envie de redémarrer à zéro en quelques sortes, et surtout, d’utiliser cette formation comme prétexte pour faire le plus gros break de ma vie.

Je pensais que ce serait plutôt facile. C’était mal connaître l’Ashtanga – Que je connaissais très mal en effet. Je pensais que ce serait mi yoga mi vacances, et que les 200h étaient tous un peu pipeau tellement il y en a. Et pourtant, ça faisait bien longtemps que je n’avais pas vécu une aventure aussi extraordinaire et challengeante.

Alors j’ai repris le chemin du blog pour noter, partager, et peut être inspirer.. 🙂

Première semaine

Mercredi 1 février au dimanche 5 février

Je vais découper les semaines selon les jours de repos qui sont des étapes importantes dans un YTT)

Je viens de passer 3 jours à Ubud et j’ai adoré cette introduction pré-formation qui m’a fait toucher Bali du bout du doigt. J’aurais adoré rester un peu plus et explorer Bali mais ce mois off entier, il m’a été octroyé grâce au yoga. Pour l’avoir déjà vécu, je connais le potentiel transformatif des bons 200hrs de YTT en immersion et j’attends ce break depuis des mois, voir peut être des années. Depuis mon retour de Londres et la crise identitaire qui s’en suit. Le yoga comme je le pratiquais à Londres en rentrant de ma formation me manque terriblement dans ma vie. Le style de vie qui va autour aussi. Alors même si je quitte Ubud le coeur un peu serré, j’ai aussi hâte de me lancer dans l’aventure. J’ai plein de questions auxquelles je sais que j’aurai des réponses à l’issue de ce mois loin de tout à repousser mes limites, méditer, respirer et retrouver le yoga.

L’arrivée sur Nusa Lembongan est idyllique. Je rencontre des filles de la formation dans le bateau. Sandra du UK, Ashley d’Australie mais qui vit sur des yatchs en Europe, et Ally de Singapour mais qui vit en Australie. Le ton est donné. Je me replonge dans cette vie cosmopolite où la normalité est de ne pas être “normal”.

A Nusa Lembongan, je retrouve mon amie Katie, et je découvre notre logement pour les 3 prochaines semaines: “Bamboo Bungalows”, qui ne pouvait pas mieux porter son nom… Des bungalows faits à 100% en bambous. Un petit jardin privé et une douche extérieure. Le luxe à l’état sauvage. On poursuit par une soirée à boire des coconut water au bord de la plage. Le rêve. Avant la réalité…

Mercredi 1er Février: Début de la formation. J’ai très peu dormi dans mon bungalow dans lequel on entend le moindre bruit. Je suis encore en décallage horaire et pas encore 100% à l’aise avec la vie à Bali, les insectes partout et l’intensité des bruits alentours.

La formation démarre directement sur le tapis. On rentre directement dans le vif du sujet: 2 heure d’Ashtanga. Pas la série modifiée que l’on pratique en studios. La vraie. Celle qui est pratiquée à Mysore, qui dure 2 heures et qui inclue toutes les postures et variations. Le ton est donné. Le prof a l’air super mais plutôt strict. Le groupe se découvre. Au cours des 3 premiers jours, je me demande un peu ce que je fais là. Je dors mal, j’ai des courbatures, la gorge qui pique à cause des clims et un peu mal au ventre à force de changer d’alimentation. Je savais que c’était une formation d’Ashtanga, mais je ne pensais pas que ce serait aussi dur. Je suis venue ici pour appuyer sur pause mais je rêve d’appuyer sur accélérer pour retrouver l’île de Bali comme prévu avant de rentrer en France.

Au cours du 3ième jour, je me ressaisis. Et comme marqué dans mon journal “J’ai un peu l’impression que cette formation est sans fin, mais c’est une opportunité d’être plus résiliente. Cette formation un peu tombée du ciel (trouvée par Katie en Septembre quand je cherchais à partir à Bali en février) n’arrive pas par hasard. Comme s’il fallait qu’elle ait lieu. A suivre…”.

Le 3ième jour, alors qu’il avait commencé totalement à plat, se termine avec un regain d’énergie et de motivation. Le groupe est top. Le lead teacher est le meilleur prof de yoga de ma vie. L’ambiance super. Je me sens vraiment chanceuse et heureuse de parler Anglais et d’avoir cette identité internationale grâce à mes 10 ans à Londres. Les 3 premiers jours sont passés. Le premier jour off arrive. Une sensation que le plus dur est derrière et que le meilleur reste à venir.

C’était exactement ça.

Deuxième semaine: La colonie de yoga au paradis

Lundi 6 février au samedi 11 février

La deuxième semaine démarre après un day off exceptionnel. Brunch, plage, coconut water et massage dans le spa le plus beau que j’ai vu de ma vie. Tout est incroyable. On mesure vraiment la chance de démarrer une petite expérience de vie dans ce petit coin de paradis.

On démarre la semaine sur un cours de Rocket Yoga. (Un dérivé de l’Ashtanga, un yoga très très dynamique, en musique) Ça fait des années que je n’en ai pas fait. Il y a encore à peine une semaine, j’aurais eu peur de m’y remettre. Pas cette fois. En quelques jours à peine, je sens qu’il s’est passé quelque chose dans mon corps et ma tête. C’est le meilleur cours de Rocket de ma vie. Je me suis surprise à tenir des postures que je n’ai jamais aussi bien tenue. Le prof est génial, et l’ambiance aussi. Le ton est donné pour cette deuxième semaine qui sera exceptionnelle.

C’est le début des “Asanas Clinics”, cours lors desquels on analyse les postures de yoga et la semaine des cours de philosophie du yoga. J’évite de trop le montrer, mais je suis en zone de confort. Je connais déjà tout ça, et j’ai la chance d’avoir un super studio et des élèves à qui enseigner dès mon retour en France. Alors je me permets de prendre seulement ce qui est nouveau et de profiter du reste.

La formation est incomparable à ma précédente formation. Beaucoup plus concrète et difficile. Mais je sais que je peux relever le challenge. J’apprends plein de nouvelles choses et j’ai plein d’idées pour la suite. Le yoga revient dans ma vie. Joie absolue.

Il fait beau quasiment toute la semaine. Je m’habitue à la vie sur une île tropicale. Je n’ai plus “peur” des lézards et autres insectes qui surgissent à tout moment. Je dors trop bien tous les soirs. On repère les bonnes adresses de l’île et les amitiés se forment. Les premiers coups de soleil apparaissent. On a faim tous les jours, chaque dej est un pur régal. On découvre la magie de Mysore, une pratique d’Ashtanga en silence et en autonomie, et on termine la semaine par un atelier handstand. Notre super prof me donne une technique et j’arrive ENFIN à faire un enchaînement sur lequel je bute depuis des mois.

Quand je parle de la semaine à ma maman, elle me répond qu’on dirait une colonie pour adultes. C’était un peu ça en effet. Une semaine au paradis loin de tout, dans une bulle de yoga, entourée des gens de la terre entière. Je n’ai aucune idée de ce qui se passe dans le monde. C’est surement un peu égoïste, mais temporaire. Et ça fait un bien fou.

La deuxième semaine se termine donc sur une note exceptionnelle. Le coeur rempli de gratitude et d’amour. Mais aussi de courbatures et fatigue.

3ième semaine: La transformation est en marche

Dimanche 12 février au samedi 18 février

La troisième semaine démarre après un jour de repos bien rempli: 3heures de Snorkelling à nager avec les poissons et les Raies Manta et passer la journée avec les nouveaux copains/copines. C’était magnifique mais intense. Un jour de repos pas du tout reposant.

Le dimanche matin de reprise, c’est à mon groupe de passer pour l’exercice du moment: Guider la partie théorique du premier cours du matin. L’exercice est plus difficile que prévu pour certains membres du groupe. Les retours sont mitigés. Le second accord Toltèque “Ne rien prendre personnellement” est difficile à mettre en pratique. Tout le monde est crevé. Le prof nous secoue un peu pendant le premier cours.

La météo est à l’image du mood général de la semaine: Des nuages et pluies torentielles qui laissent place aux éclaircies et même à quelques journées de folie. Les choses se durcissent. Il y a de plus en plus de nouveautés à apprendre. L’Ashstanga est décidement bien différent du Vinyasa (Un style de yoga beaucoup plus fluide, celui que je pratique et enseigne) et j’ai peut être eu tord de m’asseoir sur mes lauriers au début…

Impensable de repartir sans avoir appris le max et d’avoir transformé ma pratique et répondu à mes questions alors je me rebooste pour prendre du recul sur l’aspect colo et me recentrer sur les raisons qui m’ont faites venir ici.

Cette troisième semaine, c’était aussi la partie cours d’anatomie. 10h d’anatomie, c’est vraiment peu pour apprendre et comprendre. Mais notre prof est unique et hors du commun. Andrew, 61 ans, au physique de 45/50 ans grand max, un australien surfeur qui vit pieds nus, spécialiste en mindful mouvement. Une mine d’or technique au style de vie incroyablement inspirant. Encore une fois, je suis trop heureuse de parler Anglais et pouvoir rencontrer des gens pareils.

Quant à la vie sur l’île, on ne s’en est même pas rendu compte, mais on est tous rentré dans une routine: Je me réveille naturellement un peu avant 6h, me doucher dans une salle de bain extérieure me parait parfaitement naturel, les insectes, faune et flore locale font partie de ce quotidien exotique. J’adore vivre en sandales et devoir les enlever pour rentrer dans un restaurant et supermarché. Ou même marcher pieds nus dans une flaque d’eau quand il pleut trop, et rester en brassière de yoga toute la journée. Le bruit des vagues de l’océan font partie du bruit de fond de tous nos cours. On a nos adresses préférés, tout comme nos gens préférés avec qui les amitiés qui se renforcent.

C’était la semaine la plus dure. J’ai complètement sous estimé cette formation. Ou alors je l’ai trop comparé à celle que j’avais déjà faite qui s’apparente plus à une retraite de yoga à côté. Mais je suis sure que dans quelques semaines, c’est cette semaine qui m’apportera le plus. J’ai eu plein d’idées, envies, visions pour la suite. La transformation est en marche. La magie opère…

Quatrième semaine (4 derniers jours): Explosion de couleurs et de joie

Dimanche 19 au jeudi 23 février

Le dimanche matin, retour au shala après un vrai day off. 7h du matin, nous retrouvons notre petite routine: Kriyas, Pranayamas, Méditation, cette fois en autononie, suivi d’un cours de rocket. L’autre révélation de cette formation, juste après Mysore. Cela fait 3 semaines qu’on fait du yoga de façon assez intensive tous les jours. Mon corps a démarré une petite transformation. Un peu visuelle, mais surtout dans la force et la souplesse. Mon grand écart côté droit n’a jamais été aussi confortable. Tout comme les postures d’équilibre sur les bras. Bref, la semaine démarre bien.

Il fait très beau, et en bonus, nous avons droit au second coucher du soleil parfait depuis le début du séjour. La météo est au beau fixe et comme depuis le début, semble annonciatrice de ce qui est à venir. Ce qui se vérifiera d’autant plus que le lendemain, lundi matin, un superbe arc en ciel se dessine dans le ciel. Après la pluie le beau temps donc. Et même un très beau temps.

Les 4 derniers jours, on sent que la fin approche. Le corps est fatigué. Une après midi KO technique pour ma part, mais le moral est au beau fixe.

Les ateliers de l’après midi ralentissent, tout comme le planning qui s’allègent. Le temps est à la pratique matinale autonome donc, à l’enseignement de l’ashtanga en petits groupes, à la vie au paradis et à la descente de cette expérience de folie qui se concluera par une matinée d’exam d’enseignement sous un ciel bleu aussi magique que l’énergie dans le shala, une randonnée improvisée entre jungle et eau turquoise entre yogis, sans oublier cette dernière matinée incroyable et drôlement bien rodée: 108 salutations au soleil suivi d’une remise des diplômes absolument magique.

Je termine cet article depuis Bali que nous avons rejoins dans l’après-midi avec une partie de cette nouvelle famille de yogis. J’ai du mal à réaliser que l’on va tous se séparer dans quelques heures ou quelques jours tellement ces dernières semaines nous ont lié à tout jamais. J’ai du mal à imaginer que je vais retrouver le froid, la France et les Toulousains après avoir vécu avec la terre entière à Bali, et surtout, une vie de bureau et un espace de travail blanc après avoir passé tout ce temps sur mon tapis entourée de tant de couleurs et de vibrations différentes.

Je suis réveillée depuis 4h30 ce matin et je n’arrive pas à m’endormir tellement les derniers jours ont été fous et riches. Intenses, frustrants, libérateurs et magnifiques. Amitié, gratitude, humilité et amour. Le tout dans un décor qui ne cesse de m’ébahir.

Aujourd’hui je me suis rappelé pourquoi j’ai voulu refaire un 200h dans le cadre de ce mois de voyage et prise de recul à Bali. Parce que les 200h de YTT , que l’on veuille devenir prof de yoga ou pas, sont des expériences de vie incomparables à aucune autre. 1 mois d’immersion coupé de tout, avec des inconnus du monde entier, à apprendre, se challenger et sentir les vibrations de la vie. Je suppose points bonus pour l’avoir fait dans le contexte d’une petite île encore assez peu touristique au large de Bali.

Je termine ces lignes au fur et à mesure de la dissolution du groupe. Dans la dernière étape de l’aventure. Seule pour la première fois depuis 1 mois après une vie en communauté intense à parler Anglais avec des gens tous si différents et intéressants. J’appréhendais la séparation avec l’île, le groupe et certaines personnes sans qui l’aventure n’aurait pas été la même, mais finalement, il semblerait que les choses vont reprendre naturellement. Les câbles se rebranchent petit à petit vers la réalité qui fait de moins en moins peur. Je commence même à avoir hâte d’embarquer mes souvenirs et nouvelles habitues dans mon quotidien. Il y a aura un avant et après cette formation, et surtout, ce 200h d’Ashtanga à Bali m’a réouvert l’appétit du yoga et du voyage. Celui que j’avais perdu et qui me faisait vibrer mais aussi me faisait me sentir ancrée, vivante, et alignée. Et rentrer avec tout ça, c’est un peu le début d’une nouvelle vie qui s’annonce.