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Pourquoi j’ai décidé d’arrêter de donner des cours de yoga en studio.

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En cette rentrée de Septembre 2023, j’ai décidé d’arrêter de donner des cours de yoga en studio.

Après un bel été dans le sud, dont un mois d’Août particulièrement bon, un solo trip à Florence, et beaucoup d’activités régénérantes pour recharger ses batteries, c’est comme si j’y voyais clair tout à coup après 3 ans de brouillard dans le sud. Je ne vais pas vous sortir toute la liste de ce qui s’est passé mais parmi tous ces changements ou nouvelles actions, la plus marquante, c’est ma décision d’arrêter de donner des cours de yoga. Officiellement, pour pouvoir me concentrer sur mon travail et être moins dispersée. Mais au fond, je sais bien qu’il s’agit de beaucoup plus que ça et que c’est non seulement l’univers de l’enseignement du yoga moderne tout entier avec lequel j’ai besoin de faire un break, mais aussi tout mon style de vie multi-casquettes qui n’est pas si aligné avec cet idéal de slow life que je suis venue chercher en décidant de changer de vie.

J’ai envie de rembobiner un peu.

Quand j’ai changé de vie durant le covid il y a 3 ans et quitté Londres pour Toulouse et la vie dans le sud, ce n’était pas du tout le plan que j’avais en tête. Je comptais me mettre en freelance, me libérer des chaînes d’un employeur et de la vie corporate, et placer le yoga, ce nouveau pilier bienfaiteur de ma vie, comme une activité centrale.

C’est exactement l’inverse qui est en train de se passer.

J’ai un poste à responsabilité comme je n’en ai jamais eu avant, je suis en CDI, et alors que je me raccrochais à mon activité de professeur de yoga à côté de mon travail, c’est cette même activité que j’ai choisi volontairement de sacrifier quand j’ai compris que je ne pourrais plus, et voulais plus tout faire, et que j’allais avoir besoin de temps et d’espace pour prendre du recul sur tout ça.

Non pas parce que je ne l’aime plus ou pour quelconque différent avec le studio pour lequel je travaillais mais parce que quelque chose n’est plus aligné avec le fait de donner des cours de façon presque robotique en 1h en sortant d’un travail qui a plein de qualités, mais pas celles du yoga.

Pourtant, dernièrement, je répétais souvent que l’équilibre des 2 m’était indispensable. En cette rentrée, j’ai eu la sensation de faire 2 activités qui appartiennent au même monde. A celui des horaires, des responsabilités, des contraintes, des compromis… La balance penchait trop du côté yang.

Professeur de yoga, la plus belle de toutes mes casquettes

Cet été, j’ai rencontré quelqu’un à qui j’expliquais que j’étais Directrice Marketing, mais aussi professeur de yoga à côté de mon travail. Cette personne m’a répondu: “On voit immédiatement que tu places le yoga bien plus haut vu ton sourire quand tu en parles“.

Depuis que j’ai fait ma première formation, on peut dire que le yoga a changé ma vie. Pas radicalement non plus, mais de façon douce, subtile et naturelle. Je vis plus en conscience, j’appréhende la vie avec plus de recul et moins d’angoisses, et il me semble que je suis beaucoup plus ancrée. Bien sûr que la route est encore longue, mais au moins j’ai démarré le cheminement.

Cette activité, je la gardais aussi pour légitimiser ce statut de prof de yoga que je trouve magnifique et qui semblait bien équilibrer le côté marketing de ma vie.

Mais est-ce qu’être professeur de yoga en studio de nos jours est si éloigné de tout cela?

Est-ce qu’il faut être absolument “professeur de yoga en studio” pour transmettre les valeurs du yoga? Est ce que c’est possible de transmettre le yoga quand on est régit par des horaires, des clients, du chiffre d’affaire, des loyers citadins à payer, de la concurrence, des clients et beaucoup d’Instagram à poster?

En écrivant cela, je ne peux que constater qu’il y a de nombreux “mots clés” que je retrouve dans mon métier de Marketeuse.

Enseigner le Yoga moderne

Pour transmettre autre chose que du mouvement, à chacun de mes cours, je me faisais une règle d’essayer d’intégrer 10 mn de méditation et quelques minutes de pranayama (la respiration en termes yogi) au début et à la fin du cours, sans lesquels un cours de yoga devient tout simplement un cours de gymnastique.

Parfois, je tombais dans le piège de la prof qui veut se faire aimer et je donnais des cours de vinyasa qui ressemblaient plus à de la danse cardio que du yoga, sur fonds de playlists presque plus travaillées que le flow lui même… ça marchait puisque les cours se remplissaient bien.

Cet hiver, je suis allée à un cours dont l’objectif était de travailler sur nos chakras. En 1h. Ouvrir ses chakras… Un autre où on nous précisait que la posture n’était pas importante et dans lequel on terminait pourtant sur une série d’équilibres devenus une sorte de concours avec le voisin de tapis. Un autre durant lequel la prof nous faisait une sorte de leçon de vie avec un vocabulaire qui démontrait l’inverse.

Heureusement, j’avais vu venir, et prévu de refaire une formation de yoga à Bali pour me reconnecter à mon pourquoi, je m’étais lancé au début. Faire du yoga à Bali, un autre cliché du yoga moderne certes, mais une île qui regorge de praticiens et accès à des profs et studios qui baignent dans une forme de spiritualité depuis bien longtemps.

Je n’en attendais pas plus qu’un break de vie pour me poser les bonnes questions et prendre du recul dans une île que je rêvais de visiter. L’univers a entendu ma demande en me mettant dans une formation pure et dure ashtangi. Je voulais de la structure et retrouver les fondamentaux du yoga, on and off the mat. Je l’ai eu.

Retrouver la flamme à Bali

A Bali, même si j’y suis un peu allée les yeux fermés en suivant une amie, je suis tombée sur le meilleur professeur de yoga jamais rencontré. 3 semaines avec lui, c’était un cadeau de l’univers pour retrouver le sens de la pratique. Un Ashtangi capable de tenir n’importe quelle posture, mais surtout, un être humain à la sensibilité, humilité, respect, et beauté humaine incroyable. La définition de celui qui vit son yoga on and off the mat.

Sauf que pour vivre son yoga au quotidien, cela semblait particulièrement faisable (Pas forcément facile) en étant sorti du circuit de la société moderne, et en vivant de façon nomade sur une petite île paradisiaque au sud de Bali.

Professeur de yoga, une profession idéalisée?

De retour en Europe, c’est avec bonheur et une nouvelle énergie que j’ai repris mes cours hebdomadaires. Plus de respiration durant chaque posture, de réajustements, un partage de notions ou techniques, de la méditation. Je me sentais plus légitime et alignée.

Mais la réalité du quotidien a repris le dessus: Les horaires à respecter, les cours à préparer, les contraintes inhérentes au métier du prof de yoga en studio qui viennent se greffer à un travail qui en cumule déjà de nombreuses, mais qui lui, a le mérite de m’offrir de la sécurité, et me permettre de financer 1 mois à Bali.

J’étais partie à Bali pour me reconnecter avec le yoga et le métier d’enseignant. Finalement, au retour, l’écart était si flagrant qu’il s’est creusé encore un peu plus.

Retour en arrière: 2019 – Un premier 200h pour retrouver du sens

Quand j’ai fait ma première formation de professeur de yoga en 2019, c’était vraiment une bouée de sauvetage dans le tumulte d’une vie londonienne très yang et agitée et d’un mental souvent anxieux qui “mouline” beaucoup. Le yoga (et sport en général) m’avait évité un burnout, était ma soupape de sécurité, et l’expérience toute entière depuis les premiers cours jusqu’au premier 200h sont devenus des alliés sans faille dans mon quotidien.

Comment ne pas vouloir partager tout cela?

Alors quand une opportunité s’est présentée, très (trop) tôt après cette formation, impossible de résister à la saisir.

Cette nouvelle casquette a donné un élan inespéré à une vie londonienne que je questionnais déjà sur son potentiel de vie “slow et alignée”.

Pourtant, même à cette période, je n’ai jamais songé à tout plaquer pour devenir professeur de yoga. Le métier me semblait nécessiter de sérieuses connaissances pour être partagé avec fidélité, mais surtout, paraissait précaire et compliqué.

2020, ma première expérience de professeur de yoga en studio

En Juin 2020, nous étions déconfinés en France mais les frontières du UK étaient encore fermées. Le 2 Juin, les studios ont ouverts, et naturellement j’ai foncé prendre un cours de yoga dans un des studios de yoga à Toulouse. L’idée de rentrer vivre à Toulouse commençait à peine à germer. Alors quand la propriétaire de ce studio m’a proposé d’y enseigner, je l’ai pris comme un signe incroyable, et de fil en aiguille, décidé de tenter la vie dans le sud et accepté plusieurs créneaux permanents, au taux horaire, avec le recul, ridicule.

Durant cette expérience, j’ai découvert la (dure) réalité du métier de professeur de yoga en studio et tout ce qui va avec. Je ne détaillerai pas plus dans cet article, mais quand j’ai arrêté d’y travailler 6 mois après, j’ai dû faire une pause totale avec le yoga pendant quelques mois tellement j’étais refroidie. Et pourtant, en 10 ans de vie pro à Londres, je suis rodée sur les casseroles du monde corpo. Mais je ne m’attendais pas à ce que ce soit similaire version yoga. Première claque.

Professeur de yoga, un métier idéalisé?

Il y a quelques années, j’avais lu cet article publié dans Marie Claire: Devenir professeur de yoga, du rêve à la désillusion, publié en 2015. Il parle notamment du paradoxe de la prof de yoga dont le rôle et de partager des techniques pour ne plus être stressée mais qui est elle même stressée et vit dans la précarité.

4 ans après ma formation et quasi autant d’enseignement pour plusieurs studios ou salles de sport à Londres et en France, je ne peux que comprendre les points cités.

Alors du coup, je me suis demandé: Est-ce que prof de yoga est fondamentalement incompatible avec un métier qui évolue dans des valeurs (apparemment) opposée? Est-ce que c’est un métier idéalisé et impossible à pratiquer correctement dans nos mondes occidentaux? Est-ce que c’est un métier qui, pour être pratiqué avec sérénité, nécessite de mettre de côté l’aspect financier, ou tu en tout cas de ne pas courir après absolument ou de façon raisonnable? Est-ce que je ne suis tout simplement pas faite pour être professeur de yoga en studio?

Depuis ma formation en 2019, j’ai aussi bien creusé le sujet et me suis fait un avis plus modéré sur cette profession et ce secteur aux airs de “dream job” via des lectures, podcasts, rencontres et notamment:

  • Certains livres sur le yoga qui m’ont permis de me forger un avis
    • Yoga, une histoire monde
    • Yoga, le nouvel esprit capitaliste
  • Films / Documentaires
    • Le souffle des Dieux sur les origines du yoga moderne et les parcours de Krishnamacharya, BKS Iyengar et Pattabhi Jois
    • Le documentaire sur Bikram sur Netflix
    • (Un)Well, le documentaire Netflix sur l’univers du bien-être, pas toujour “bien”
  • Les podcasts
    • Métamorphose
    • Croissante, et notamment son épisode où elle remet en question la pratique du yoga moderne de nos jours

Depuis, j’ai trouvé un équilibre avec tout cela et arrêté d’idéaliser le métier. Je l’enseignais d’ailleurs dans un beau studio aux valeurs saines dans lequel je continuerai de retourner avec plaisir.

It’s not you, it’s me

En tant que prof de yoga, on est les premiers à expliquer qu’il faut écouter ses intuitions les plus profondes, alors la moindre des choses, c’est de se l’appliquer à nous même.

Je n’ai pas envie d’arrêter d’enseigner, mais peut-être de le proposer différemment. Peut-être aussi que le problème est ailleurs, et qu’il est temps de rembobiner et revenir sur ce pourquoi je suis venue vivre dans le sud, et reposer les bases d’une vie plus slow et alignée, qui contiendra forcément du yoga pour moi, et pour les autres.

La suite

Mercredi dernier, je suis retournée faire mon premier cours en tant que “simple yogi” et pas en tant que prof, après une bonne grosse journée bien tendue. J’ai immédiatement retrouvé les délicieuses sensations de ces cours libérateurs. J’ai lâché le mental, et pratiqué avec bonheur et pleine conscience.

Pour l’instant, c’est exactement comme ça que j’ai envie de pratiquer le yoga “on the mat”.

Pour le yoga “off the mat”, en dehors du tapis donc, c’est sur instagram ou ce site que ça se passera jusqu’à nouvel ordre. Des articles sur le yoga, les bienfaits du yoga, la philosophie, et la vie, et surtout, le tout partagé via La Lettre Slow, une newsletter mensuelle qui parle de slow living, slow travel, bien-être et l’art de vivre du sud.

Pour s’abonner, c’est par ici.

Et sinon, merci d’avoir lu cet article jusqu’au bout.

Si vous êtes prof de yoga ou que vous souhaitez le devenir et vous posez des questions sur le sujet ou souhaitez en parler, l’espace commentaire est fait pour cela et mon compte instagram est toujours ouvert aux questions et échanges.

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2 comments
  1. Bonjour et merci pour cet avis tranché et finalement pas tant que cela. Je pense que cette “mode” car cela peut paraître comme telle est finalement une épreuve intéressante et permet de repenser aux 4 accords tolteques et surtout au 5eme.
    Être honnête avec soi même qu’importe le métier, l’activité ou les actions que l’on mene est le plus important.
    Je vais me pencher sur les lectures et liens que tu as mis du coup 😉
    Merci.

    1. Merci pour ton commentaire! C’est exactement ça. Rester aligné avec nos actions. Bon depuis j’ai quitté mon travail, démarré une formation de naturopathe et je fais quelques remplacements de yoga en studio. Mais le projet de le partager différemment et de façon plus alignée prend forme dans ma tête… 🙂 J’espère que tu trouveras les ressources partagées intéressantes!

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